Love Is Strange (2014, Ira Sachs)

Ce n’est peut-être qu’un très vieux débat, celui autour de l’ « échelle humaine » au cinéma. Mais il me semble qu’avec Love Is Strange (2014), Ira Sachs pose à nouveau et de manière très savante cette question de l’échelle. Certes, dans ce film on trouve beaucoup d’autres aspects très finement développés, comme le sont la narration, les personnages, l’engagement, la compréhension ou la contemplation, les mœurs, la ville et son paysage ou le temps comme matière filmique. Mais c’est la question de l’échelle qui leur sert de fil conducteur. La question – ou plutôt la nécessité de l’échelle. Avec l’échelle, il ne s’agit pas de restituer à la figure humaine une dignité perdue. L’échelle distingue plutôt cette figure à l’intérieur des limites qu’elle impose au cadre, et des limites que le cadre impose à la figure. Cela explique la très précise contemporanéité du film (« Pour moi, le film est très contemporain, moins par la question du mariage gay que par son ton […] C’est un film optimiste », explique Ira Sachs dans un entretien avec les Cahiers du Cinéma, nº 705, p. 11). Il est un énigme à son échelle, ce beau chef-d’œuvre.

En salles depuis le 12 novembre 2014

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